VI THÙY LINH
Née le 4 avril 1980 à Hà Nội dans une famille d’artistes, Vi Thùy Linh est l’auteur de trois recueils de poèmes: Khát (Soif, 1999), Linh (2000), et Đồng tử (Prunelle, 2005). Ses poèmes sont parus dans les anthologies Poèmes du Vietnam 1975-2000 (2000), Recueil de poèmes contemporains du Vietnam (Iowa, Etats-Unis, 2005), Saigon au gré de la plume (2005), et aussi dans les revues littéraires Europe et Action Poétique (France) et Thi Binh (Corée du Sud), New American Writing (USA, 2005).
Vi Thùy Linh a par ailleurs publié un grand nombre de nouvelles et articles dans divers recueils et journaux. En 2003, elle était invitée à la Biennale Internationale des Poètes en Val-de-Marne, France.
1. LETTRE À MON PÈRE
2. ÉCLIPSE DE SOLEIL
3. JE COUVRE DE POÉSIE CE MONDE QUI EST MIEN!
4. LE CODE SECRET DE LA LUMIÈRE
5. PRUNELLE
6. AIMER À L’INSTAR DE GEORGE SAND
7. AMORÉCITALS
8. LA CARTE DE TENDRE
9. RIRE AVEC CHARLOT
10. Jour sacro-saint
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1-LETTRE À MON PÈRE
Echappant à tes bras sévères
Je m’en vais le long du pays, sept semaines acharnées
Au-dessus de la Terre désaxée je déploie les nuages pour que tu marches à mes côtés
Me regardant dans le miroir, je Te vois, image alourdie du karma
La confiance perdue le long des routes où grouillent des visages humains
Arbres et hommes plantés, comme des troncs sombres après la pluie, se regardent
La vague lave la rive avec hâte
Les libellules se poursuivent lentement
Avec tenacité la montagne mord les seins du nuage
Dans un verre immense le jour et la nuit s’absorbent
Je suis devenue femme
Je suis femme
Cela est grave
La mélancolie, l’air menaçant, se lève
Je suis incapable de jeter ma dot de solitude et d’exil
Incapable de prier pour que l’espace au-dessus ne soit rempli d’étoiles
Les larmes adoucissent les pierres
Et le cor des pieds que le soleil a noirci
Je suis purifiée de toute ténèbre de tout crime
Par la sueur versée
Par les repas sereins
Par le sourire formé sur mes lèvres en contemplant des enfants
Je souhaite l’enfance je souhaite la vie d’une Mère
Si je pouvais revenir à l’âge de treize ans !
Robes colorées, noeuds dentelés, lèvres apprêtées de crème et livres flambant neufs
Ô mes rêves d’enfant sur le porte-bagages de Ton vélo vétuste
S’envolent dans la blancheur de la nostalgie
Je me recroqueville pour que Tu me mettes sur la balançoire du vieux parc
Le chiendent qui garde le rythme débouche sur les rues où chante le vent
Ne sois plus triste
J’ai fait taire les cliquetis de la porte des nuits blanches
J’ai arrêté de refaire mon enfance sur la balançoire
Le soleil sera plus mûr demain
La pluie sera plus pure demain
Je serai fraîche comme une feuille de salade
Commes des gouttes de rosées bien rondes au bout des branches
Mon sourire étincelle quand je me blottis contre Toi
Les sept semaines d’émeraude se bonifient
19. 8.2003
Traduit par Cao Việt Dũng
Révisé par Lương Nguyễn Liêm Bình et Muriel Gilardone
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